Une compétition créative !

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Petit défi à relever la semaine dernière dans l’entreprise où je travaille: on m’a demandé de faire découvrir la société à une classe de lycéens… La situation est assez intéressante je crois pour que je vous la raconte, et se transposerait sans souci à un groupe d’adultes ou à un objectif différent.

La difficulté n’était pas dans le contenu, puisque je connais bien mon entreprise et que je pourrais en parler quelques heures sans en avoir tout dit. Non, le vrai problème était dans les contraintes qu’on me donnait: un public assez éloigné du sujet (des ados, c’est quand même très jeunes pour se sentir concernés par une entreprise industrielle), un groupe que je ne connaissais pas, très peu de temps pour préparer (« ce n’est quand même pas ta priorité, hein! »), une intervention très courte (moins de 45 minutes),…

Le professeur d’économie qui avait souhaité organiser la visite m’avait expliqué qu’il s’agissait surtout de découvrir concrètement le monde de l’entreprise. Le groupe allait donc être coupé en deux, et je m’occuperais d’un groupe pendant que l’autre visiterait l’usine. Et carte blanche sur ce que je proposerais… Avant tout atelier ou réunion que j’organise, je me pose deux questions clé: quel résultat sera utile pour que le groupe avance dans son projet, et comment je peux rendre le groupe le plus créatif et collaboratif possible. C’est souvent une très bonne base pour ensuite imaginer les ateliers à enchaîner dans le temps disponible…

En l’occurrence, le résultat utile me semblait être de sensibiliser les jeunes à la diversité des métiers d’une entreprise et de les aider à s’y projeter. Objectif validé avec mon « commanditaire », le professeur. La créativité devrait quant à elle passer par un côté ludique assez poussé si je ne voulais pas me heurter à des ados très vite passifs dès qu’ils s’ennuient (mais est-ce vraiment réservé à l’adolescence?). Alors j’ai fait le choix d’une « bataille d’idées ». Je vais vous expliquer ça…

J’ai d’abord pris 10 minutes pour leur résumer l’entreprise, ce qu’on y produisait et les activités que cela supposait. Ça passe très vite, 10 minutes, mais j’en voyais déjà certains décrocher, preuve qu’il fallait passer à une phase qui les impliquerait directement! Mais cette présentation « flash » avait eu l’intérêt de les mettre dans le contexte. Nous sommes passé à une deuxième phase de 5 minutes où nous avons juste cherché ensemble les noms des différents services de l’entreprise: un brainstorm pour identifier la Production, le R&D, la Finance, les Ressources humaines,… Je savais par leur prof qu’ils avaient étudié ça en cours, c’était donc plutôt une ruse pour les mettre en confiance (c’est pas forcément évident, j’étais un inconnu pour eux, et inversement), et pour les préparer à la phase créative qui allait suivre.

La « battle » a plutôt débuté en douceur par un travail individuel: en 5 minutes, chacun devait inscrire sur des papiers le plus de noms de métiers possible qui pouvaient être pratiqués dans l’entreprise. Certains ont produit beaucoup, d’autres peu, mais chacun à son rythme. En deuxième étape, deux groupes ont été créés par affinités, et 10 minutes données à chaque équipe pour préparer ses « armes »: mettre en commun les métiers trouvés individuellement, et « rebondir » dessus pour en trouver encore plus, ensemble. Le but du jeu étant d’être la dernière équipe à sécher! C’est la phase 3 qui détermine le gagnant: chaque équipe à tour de rôle pendant 10 minutes envoie l’un de ses membres afficher au mur un métier. A moi de jouer l’arbitre pour accepter les mots ou les rejeter: c’est une façon d’entretenir le suspens, d’équilibrer le jeu en favorisant un peu le groupe que j’ai repéré moins fort, de les pousser tous à chercher encore d’autres métiers… Et la compétition se termine avec deux équipes quasi à égalité, préservant l’honneur du perdant (« ça s’est joué à rien, bravo à tous! »).

Pour que l’atelier ne se résume pas à un catalogue de métiers, je leur ai demandé de prendre quelques minutes pour se projeter et observer le mur: des dizaines de métiers que nous avions classés par service, et dans lesquels il devait choisir les deux qui les inspiraient le plus pour leur propre avenir. Ils ont posé leur marque (un rond, une étoile, une fleur, une tortue,…) sur ces métiers: résultat assez diversifié, mais un trio gagnant: designer-graphiste, vendeur à l’international, et PDG ! Et j’ai clos la séance en leur conseillant de ne pas attendre: leurs choix d’études doivent dès maintenant les emmener vers ces métiers!

Voilà, 45 minutes bien créatives, et utiles je crois 😉

Juste une petite note si vous voulez vous lancer dans ce genre de bataille d’idées avec des adultes: il faut parfois être vigilant pour clarifier que la bataille n’en est pas vraiment une , si vous sentez que certains adultes sont « bloqués » par le côté compétitif ou à l’inverse se prennent trop au jeu. Mais votre sourire de facilitateur devrait résoudre ce petit risque!

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2 commentaires Ajoutez le vôtre

  1. Du pro, du beau, du labo…bravo!
    Très belle suite à tes projets Stéphane!

    Aimé par 1 personne

  2. Jean-Philippe SIX dit :

    Bien joué.
    Un petit truc en plus : si tu veux qu’il garde une trace écrite de tout ce bon travail, pense au nuage de mots. Je l’ai déjà fait avec des plus jeunes et ils aiment bien repartir avec « quelque chose » dans la main.

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