Après quelques interventions courtes à l’université, j’ai eu l’occasion l’an dernier de donner un cours à une quinzaine d’étudiants en Master II sur 3 jours. Un cours de gestion de projet, un sujet que je connais plutôt bien puisque je le pratique dans l’entreprise ou je travaille.
J’ai eu la chance de tomber sur un responsable pédagogique qui m’a laissé carte blanche sur la façon de dérouler ce cours. Alors j’ai cherché à maximiser les temps de travail collaboratif et à réduire à l’inverse les périodes d’enseignement magistral. Je voulais éviter de faire subir 21h de monologue aux étudiants. Je l’ai été aussi, et je me rappelle d’heures de cours interminables face à un prof répétitif et monocorde, alors que le cours tenait en quelques pages faciles à bachoter la veille de l’examen. Je tombe dans le cliché, mais ça existe quand même 😉
J’ai préparé un cours (le contenu théorique, inspiré d’un autre cours, merci Amandine!, et de mon expérience professionnelle personnelle) qui représentait probablement 4-5 heures, et j’ai enrobé le tout d’ateliers collaboratifs:
- chaque matin prendre le temps qu’il faut pour faire connaissance ou pour se rappeler ensemble les échanges et les apprentissages de la veille. L’idée c’est de ne pas accumuler de nouvelles infos si les précédentes ne sont pas fixées, et d’utiliser la mémoire collective : une des méthodes par exemple consiste à former des petits groupes de 4-5, leur demander de se rappeler ensemble les échanges de la veille puis de préparer un ‘résumé d’ascenseur’ à partager. Le résumé d’ascenseur, c’est celui qu’il faut pouvoir faire quand votre chef ne vous accorde que 2 minutes en attendant l’ascenseur pour lui résumer votre projet parce qu’il n’a ‘finalement pas le temps de vous accorder les 30 minutes prévues’… Et bien après les interventions courtes de chaque groupe, chacun se rappelle de tout, collectivement !
- chaque fin de journée se poser pour vérifier comment les heures passées ensemble ont été ressenties : ce qui a plu, des idées pour améliorer, ce qui n’est pas encore clair,… Pas facile au début de convaincre des étudiants qu’ils peuvent vous critiquer sans crainte, et pas facile non plus de recevoir ces critiques, mais ça a toujours rendu la deuxième journée différente: comme si le groupe adhérait ensuite plus fortement à ce qui se vivait… Essayez, vous me direz 😉
- Dans la journée, dérouler le contenu théorique en petites tranches (20 minutes, 30 max) renforcées par des ateliers pour s’en imprégner : soit un brainstorm avant pour découvrir ensemble (et se rendre compte qu’ils en savaient déjà beaucoup, collectivement), soit un jeu de rôle après pour vivre les concepts,… En bref, des ateliers qui rendent mobiles, qui obligent à se déplacer pour s’exprimer, qui favorisent l’interaction…
3 jours à ce régime, ça passe très vite. Moi je m’y amuse, je vois les étudiants intéressés, ça bouge, et ça produit ! Il n’y a qu’à regarder les murs de la salle à la fin de la formation, recouverts de feuilles de paperboard : la trace de tous les ateliers ou ils ont travaillé ensemble pour approfondir leurs connaissances…
J’ai ‘rejoué’ cette formule cette année avec autant de plaisir !